L’Institut Pasteur mise sur le développement de sa recherche translationnelle
L’Institut Pasteur a tenu la deuxième édition de son événement Pasteur Innov’Day à Paris le 25 juin dernier. L’occasion d’affirmer sa stratégie de recherche translationnelle tournée vers le produit.
« Le challenge de l’innovation réside dans l’écart entre la science au niveau de la paillasse et le transfert de technologie. » Ce sont par ces mots qu’Isabelle Buckle, vice-présidente exécutive chargée des applications de la recherche et des partenariats industriels de l’Institut Pasteur a inauguré son discours lors de la deuxième édition du Pasteur Innov’Day, le 25 juin, à Paris. Cette journée a permis aux participants d’échanger, notamment, sur l’innovation dans la santé et les leviers à activer. « La collaboration peut permettre de combler et d’accélérer le chemin entre la recherche en laboratoire et la disponibilité d’un produit pour le patient », souligne Isabelle Buckle. Et en matière d’innovation collaborative, la France reste en retrait par rapport à d’autres pays européens comme l’Espagne, qui est bien plus ouverte aux partenariats public-privé.
Le modèle de l’innovation pasteurienne
Depuis plusieurs années, le modèle pour favoriser le transfert de technologie au sein de l’Institut Pasteur s’est progressivement transformé. « Nous sommes partis d’un constat : l’innovation de rupture ne vient pas de la recherche appliquée et il y a, en France, un souci de valorisation économique de l’innovation issue de la recherche fondamentale. La force de Pasteur étant la recherche fondamentale, nous avons décidé de déployer un modèle de recherche translationnelle, en nous intéressant à de nombreux domaines. L’idée étant d’apporter des solutions globales », précise Isabelle Buckle. Avant d’insister : « La recherche fondamentale est la clé pour la santé de demain. »
Pour y parvenir, les chercheurs académiques dont les projets sont les plus prometteurs travaillent en collaboration avec une équipe constituée de scientifiques ayant un parcours de chercheur dans l’industrie, pour orienter l’avancée scientifique vers une application finale. « Car les applications envisagées du point de vue académique ne sont pas forcément celles de la recherche appliquée. De plus, les chercheurs ne sont pas toujours au courant d’autres aspects de l’innovation, comme la propriété intellectuelle ou le vrai besoin patient. À l’aide d’un modèle collectif, nous parvenons à dérisquer les projets et à augmenter leur développabilité en produits », justifie Isabelle Buckle. Ainsi, entre 2016 et 2022, l’Institut Pasteur a réussi à constituer un pipe d’une dizaine de projets développables à hauts potentiels, en plus de ses 2000 brevets et 85 applications potentielles. Le prochain objectif étant « d’accroître le nombre de projets développables aboutissant à des produits en développement (licenciés ou en phase d’essais cliniques) ».
Ensemble pour aller plus loin
Au-delà de cette méthodologie de recherche, l’Institut Pasteur s’appuie sur des dispostifs de soutien des projets parmi lesquels le start-up studio Argobio (issu de Bpifrance). « Notre rôle est de trouver les personnes idoines pour échanger avec le chercheur pour faire passer un projet de science fondamentale à un projet qui intéresse les capitaux-risqueurs », détaille Laurent Arthaud, président d’Argobio. Un exemple a été cité pour illustrer la réussite de ce modèle d’innovation pasteurienne : celui de la start-up Meletios Therapeutics, spécialisée dans le traitement des infections virales par petites molécules. « Nous avons acquis la licence exclusive d’une technologie de Pasteur sur les génomes viraux défectifs. Ce qui nous a permis de développer des thérapies candidates pour les virus de la dengue, de Zika et du chikungunya », explique Catherine Martre, CEO de Meletios Therapeutics.