Catherine Xuereb (INP Toulouse) : « La propriété intellectuelle doit être gagnant-gagnant »
Cet été, Catherine Xuereb a été élue à la présidence de L’Institut national polytechnique de Toulouse. Alors que la région subit de plein fouet la crise de l’aéronautique, la nouvelle présidente veut s’appuyer sur son expérience en matière de relations partenariales pour aider les entreprises locales à traverser la crise.
Quels sont les atouts de l’INP Toulouse en matière de recherche ?
Nous sommes présents sur de très larges secteurs de l’ingénierie qui incluent l’énergie, le climat, le numérique, la matière, l’agronomie, l’agroalimentaire et l’environnement. Nous sommes d’ailleurs les seconds, après Saclay, en matière de recherche en ingénierie. Ce que nous souhaitons mettre en avant, c’est l’attention particulière que nous accordons aux entreprises. Nous sommes très attentifs à leurs besoins en formation et recherche, et nous mettons toutes nos compétences à leur service. Nous souhaitons d’ailleurs accroître le dialogue en créant un espace où échanger plus régulièrement avec les entreprises. Elles pourraient nous faire remonter leurs attentes, comme leurs besoins en ingénieurs plus transdisciplinaires ou formés avec davantage de softs skills ; et nous pourrions aussi partager nos visions d’avenir.
Quelles actions concrètes avez-vous déjà mises en place ?
Nous avons créé le poste de vice-président chargé des relations avec les entreprises, mission confiée à Thierry Bosch. La stratégie de déploiement auprès des entreprises était essentiellement menée au niveau des écoles (INP Toulouse est un regroupement de six écoles : INP-Ensat, INP-Enseeiht, INP-Ensiacet, INP-Enit, INP-Enm et INP-Purpan), donc circonscrite au niveau des filières. Or, si nous abordons le développement des énergies nouvelles, par exemple, les compétences des ingénieurs doivent être transverses et toucher aux matériaux, procédés, ressources renouvelables, méthodologies d’évaluation de l’empreinte carbone…
L’INP-Ensat est actuellement en train de monter une chaire sur les filières agricoles et une seconde sur les entreprises agricoles
Catherine Xuereb
Comment souhaitez-vous accroître les collaborations dans le domaine de la recherche ?
En enrichissant nos modalités de collaborations. Par exemple, nous discutons actuellement avec des entreprises pour créer des chaires. Nous avons peu de chaires, pour l’instant, comparé à certaines grandes écoles d’ingénieurs, souvent basées en Île-de-France, qui en possèdent un grand nombre. L’INP-Ensat est actuellement en train d’en monter une sur les filières agricoles et une seconde sur les entreprises agricoles. Nous voudrions développer d’autres chaires, par exemple sur l’hydrogène, ou sur l’usine du futur.
Que peut faire l’INP face à la crise qui frappe le secteur de l’aéronautique ?
Nous devrons mener une réflexion avec les entreprises du secteur pour les accompagner dans la diversification de leurs marchés et dans leurs possibles mutations. Nos outils de formation continue seront certainement une ressource précieuse. Ce qui se passe sur l’hydrogène, à Toulouse, avec le développement de zones dédiées au transport vert, peut aussi transformer la région. Nous avons, notamment, sur le campus de l’INP Toulouse, la plateforme hydrogène (INP/CNRS/Université Toulouse III) qui a vocation à se développer sur toute la chaîne formation – recherche – transfert.
L’INP soutient-il aussi la valorisation de sa recherche via la création de spin-off ?
Oui. La création de spin off est une voie que nous encourageons, en travaillant main dans la main avec la SATT Toulouse Tech Transfer, y compris en sensibilisant nos doctorants à la PI. Notre nouveau vice-président recherche et valorisation, Vincent Charvillat, est d’ailleurs très sensible à la création d’entreprise, puisqu’il est l’un des créateurs de OneStock. Nous sommes convaincus qu’il faut donner à nos chercheurs et doctorants l’envie et les bons outils pour assurer la valorisation et le transfert de leurs recherches.
Vous avez été responsable de la valorisation au sein de l’INP, puis experte au sein du Hcéres*. Quelles sont les bonnes pratiques en matière de valorisation de la recherche ?
La façon dont on traite la propriété intellectuelle (PI) est importante. La PI doit être gagnant-gagnant. Avant, la PI était vue comme le moyen de calculer le coût et les charges imputés à l’entreprise et à l’école. Elle est plus importante que ça, car si elle est mal gérée, le laboratoire ne peut plus s’appuyer sur ses recherches pour continuer à travailler. Quand il y a « transfert » de la R&D vers une entreprise, il faut que la PI soit considérée comme un accroissement des connaissances pour chacun. La PI, c’est un art.
*Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur
La valorisation d’INP Toulouse, en chiffres :
- 12 nouveaux brevets sont déposés en moyenne chaque année
- 600 contrats de recherche partenariale en activité
- 500 entreprises partenaires