Tronico s’associe à la Satt Ouest Valorisation et l’Université de Nantes
Laboratoire Gepea, Université de Nantes
Les points à retenir :
- Ouest Valorisation a porté le projet de LabCom de l’entreprise Tronico
- Elle a soutenu la signature d’un accord-cadre entre Tronico et l’Université de Nantes
- Tronico a noué des partenariats avec le CEA Tech, l’Université de Nantes et le CNRS depuis 2010
Dans les années 2000, l’industriel Tronico, basé à Saint-Philbert-de-Bouaine (85) est un concepteur et producteur de produits électroniques complexes, sous-traitant pour les grands producteurs de systèmes électroniques comme STMicroelectronics.
En 2008, l’entreprise est touchée de plein fouet par la crise : son chiffre d’affaires plonge de 40 %. Ce choc oblige Tronico à repenser son modèle. Comme sous-traitant, Tronico reste à la merci du prochain crash. L’entreprise décide ainsi de miser sur l’innovation. « Nous avons voulu monter dans l’échelle de valeurs », explique Patrick Collet, le PDG.
« On partait parfois de TRL 0. Former des spécialistes aurait pris des années. Je suis allé chercher tout de suite les chercheurs »
Patrick Collet
L’entreprise crée une cellule d’innovation. Avec un mot d’ordre : l’agilité. « Nous avions le choix de travailler sur un important marché ou d’en tester plusieurs », indique Yann Pichot, directeur de branche chez Tronico. La cellule choisit finalement de tester de nombreux marchés, quitte à les abandonner rapidement. « On a eu des dizaines d’idées », se souvient Patrick Collet.
Tronico se tourne vers la recherche publique
Plusieurs marchés sont identifiés. L’entreprise sait toutefois qu’elle n’a pas les moyens d’effectuer des recherches sur tous. « On partait parfois de TRL 0. Former des spécialistes aurait pris des années. Je suis allé chercher tout de suite les chercheurs », rapporte Patrick Collet.
Grâce à son passage par un centre de recherche de Schlumberger, dans lequel il a multiplié les collaborations et a appris à travailler avec la recherche publique, Patrick Collet sait frapper aux bonnes portes. Les partenariats se multiplient (voir encadré). C’est toutefois celui noué avec l’Université de Nantes qui va se révéler le plus fructueux.
La Satt unit Tronico à l’Université de Nantes
Tronico commence en particulier à se rapprocher du Gepea (Université de Nantes/CNRS/IMT Atlantique). Le laboratoire est spécialiste, entre autres, des biocapteurs et bioprocédés. Au début des années 2010, le laboratoire travaille avec une spin-off du CNRS, VigiCell. Créée en 1999, la start-up commercialise une technologie d’analyse d’eau grâce aux bactéries.
Malgré le soutien actif de la Satt, le projet de laboratoire commun (LabCom) entre VigiCell et le Gepea échoue. « La taille de l’entreprise n’était sans doute pas suffisante », regrette Franck Teston, directeur des relations partenariats de la Satt.
Dans la foulée, les comptes de VigiCell virent au rouge. Tronico rachète alors VigiCell, et dépose un nouveau dossier LabCom auprès de l’Agence nationale de la recherche (ANR). Le projet est cette fois accepté, et le laboratoire commun Rimae (Recherche et industrialisation de mesures appliquées à l’environnement) voit officiellement le jour en 2016.
« Pour nous, le LabCom de l’ANR est une amorce,
Franck Teston
nous profitons de son effet de levier »
Le LabCom devient une usine à projets
Rimae se fixe comme objectif de créer un premier produit au bout des trois ans prévus par le LabCom. Mais la Satt accompagne le lancement du LabCom d’un accord-cadre entre Tronico et le Gepea. Il porte la durée de la collaboration à plus de cinq ans. « Pour nous, le LabCom de l’ANR est une amorce, nous profitons de son effet de levier », ajoute Franck Teston. Une ambition partagée par le Gepea. « Notre objectif était de créer un appareil en trois ans, mais la feuille de route de la collaboration était sur huit à dix ans », rappelle Gérald Thouand, professeur au Gepea.
Le LabCom a ainsi donné naissance à de nombreux projets :
▶️Le toximètre inSiTox
Appareil capable d’analyser la toxicité de l’eau, inSiTox est le premier produit développé à partir des recherches menées par le laboratoire Rimae. Il est sorti en 2018. Une deuxième version est en préparation.
▶️La spectroscopie raman
Cette méthode d’analyse « non destructive » est une autre des spécialités du Gepea et de ses 210 chercheurs. Elle pourrait permettre de mesurer également la toxicité de l’eau, mais de manière plus fine.
▶️Un toximètre « mobile »
Rimae a également travaillé sur un projet pour rendre inSiTox plus « mobile », en l’installant sur un drone. Les équipes ont essayé de faire financer les travaux par des projets européens, pour l’instant sans succès.
Trois secteurs dans lesquels Tronico s’est diversifiée
1. L’hydrogène : succès fulgurant
En 2015, Tronico prend la tête d’un projet FUI, HyTrac, avec le CEA Liten et le laboratoire FCellSys de l’Université de technologie de Belfort-Montbéliard. L’objectif est de développer une chaîne de traction à hydrogène pour les véhicules lourds. Le succès est fulgurant. L’activité représente aujourd’hui cinq millions d’euros, contre zéro il y a cinq ans.
2. Agroalimentaire : un manque de maturité
En 2010, la découverte des pratiques de « broyage des poussins » dans l’élevage fait scandale. Tronico monte alors le projet Soo, avec le laboratoire Gepea et le laboratoire SysDiag (CNRS) de Montpellier, pour adapter la technologie de spectroscopie raman au sexage des oeufs. Le succès est mitigé, la technologie n’étant, à l’heure actuelle, pas encore assez mature.
3. Environnement : succès mitigé
Dans le cadre de Rimae, Tronico a développé Insitox 2, un instrument d’analyse semi-automatique qui permet d’identifier les polluants grâce à la fluorescence. Le succès commercial n’est pas aussi rapide que sur l’énergie.