Dominique Dunon-Bluteau, responsable département Biologie-Santé de l’ANR

L’ANR a lancé très tôt un appel à projets « Flash » pour financer des projets de recherche contre le Covid-19. Mi-avril, l’Agence a décidé de lancer un nouvel appel à projets baptisé « Recherche-Action Covid-19 » et ouvert jusqu’en fin d’année. Dominique Dunon-Bluteau, directeur du département biologie santé de l’ANR, revient pour POC Media sur les objectifs de cet appel.

POC Media. Pourquoi lancer un nouvel appel à projets tout de suite après « Flash » ?

D.D-B. « Flash » a été lancé et ouvert sur un mois. En clair, les chercheurs ont eu près de deux semaines pour préparer leur dossier. Nous savions que d’autres chercheurs n’avaient pas eu le temps de se préparer. Donc, nous avons lancé ce deuxième appel à projets qui se finit en fin d’année.

Quels types de projets espérez-vous attirer avec la mention Recherche-Action ?

La différence avec le premier, c’est que nous attendons des résultats à plus court terme, notamment pour faire rapidement évoluer les pratiques. Par exemple, des projets pourraient porter sur la distanciation sociale, et contribuer à faire évoluer certains comportements incohérents. Aujourd’hui, nous avons aussi de nouvelles questions, par exemple sur le déconfinement. Il faut coller à l’actualité. Cet appel est là pour aider la prise de décision politique.

De nouveaux domaines scientifiques vont-ils être explorés ?

Oui, c’est ce que nous voulons. Les projets pourraient porter davantage sur les questions environnementales, par exemple. Sur le programme « Flash », nous nous étions fondés sur les quatre recommandations de l’OMS (Épidémiologie, physiopathogénie, prévention, éthique). Pour l’appel Recherche-Action, nous avons ajouté les enjeux globaux. La période de confinement a fait évoluer la perception sur le Covid-19, en mettant notamment en avant une plus grande prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux. Il y a, par exemple, des mesures à prendre sur la biodiversité dans les villes. Il faut appréhender cette crise comme un cas d’école, afin d’en tirer des enseignements pour le futur.

À combien les financements des projets sélectionnés s’élèvent-ils ?

Les projets peuvent bénéficier d’un financement de 150 000 euros maximum, sur 12 mois. Le budget total est de 3 millions €. Après, le budget de l’appel « Flash » était également de 3 millions €, et il est finalement passé à 14,5 millions € grâce au gouvernement, à la Fondation de France et à la Fondation Fondation pour la recherche médicale (FRM). Plusieurs cofinanceurs de l’appel Flash sont actuellement en train de s’engager à nouveau, ce qui permettra d’augmenter le budget global de l’appel RA-Covid-19.

L’ANR mentionne le rôle important du comité Care dans la rédaction de cet appel. Quel a été l’apport du comité ?

Le comité a reçu près de 300 projets de recherche. Or, le comité n’a pas de budget propre. Donc il les aiguillait parfois vers nous, si le sujet s’y prêtait. Les relations avec REACTing sont du même ordre, le financement des 20 projets retenus a permis de financer la phase de pré-amorçage. Les porteurs de projets ayant ainsi bénéficié de ce budget ont pu ensuite le compléter en posant leur candidature aux appels Flash et RA-Covid-2019 de l’ANR, aux appels de l’ANRS, de l’AID ou encore de BpiFrance. Nous sommes un des moyens de financements de ces projets.

L’ANR a-t-elle l’intention de lancer des mesures spécifiques pour intéresser les entreprises à ses appels à projets ?

Nous avons le souci permanent de créer un continuum entre la recherche fondamentale et l’innovation. L’appel RA-Covid-19 est d’ailleurs ouvert aux entreprises.

L’ANR prévoit-elle de soutenir des projets à plus long terme sur le Covid-19 ?

À l’automne, nous soutiendrons des projets sur quatre à cinq ans, en créant une priorité « Covid-19 et ses conséquences » sur l’ensemble de l’Appel à projets générique 2021 de l’ANR.

Propos recueillis par Florent Detroy