Fanny Wacquet (France Futur Élevage) : « Le bien-être animal est une attente sociétale forte »

14 mars 2022

L’institut Carnot France Futur Élevage fédère les compétences d’un millier de chercheurs repartis dans dix-neuf entités de recherche. Cette masse critique permet au Carnot, porté par INRAE, d’adresser un grand nombre de problématiques scientifiques liées à l’élevage, comme la santé, l’environnement ou le bien-être animal. La recomposition des instituts Carnot au sein d’Alliances devrait permettre à France Futur Élevage d’élargir plus encore son périmètre, et d’enrichir ainsi son offre partenariale. POC Media fait le point avec Fanny Wacquet, responsable de la direction opérationnelle du Carnot, sur les nouvelles ambitions du Carnot France Futur Élevage.

Quels sont les axes scientifiques principaux sur lesquels l’institut Carnot est positionné ?

De l’échelle de l’individu au territoire et à la filière de production, France Futur Élevage développe des connaissances et des compétences de R&D sur quatre axes : d’abord, le bien-être animal et l’amélioration des pratiques d’élevage ; le deuxième porte sur la prévention, la détection et la gestion des maladies des animaux d’élevage ; le troisième englobe la génétique et la reproduction. Enfin, le quatrième concerne la compréhension des déterminants des évolutions socio-économiques de l’élevage.

Qu’apporte France Futur Élevage aux entreprises du monde de l’élevage ?

France Futur Élevage propose aux entreprises, organisations professionnelles et acteurs du secteur de l’élevage, une offre de recherche et d’innovation multidisciplinaire et intégrée, du laboratoire à la ferme. L’intégration en 2016 de trois instituts techniques au sein de notre Carnot nous a permis de proposer aux entreprises des projets de recherche allant du TRL 3 à 7.

Quels sont les thèmes qui ont pris de l’ampleur ces dernières années ?

Le bien-être animal est une attente sociétale forte. Il y a aussi la volonté de réduire l’impact environnemental de l’élevage. Nous travaillons aussi de plus en plus avec les outils numériques pour un élevage de précision. Ils peuvent être utilisés, par exemple, pour détecter plus précocement des troubles de santé ou de bien-être dans les élevages.

Quels types de projets avez-vous montés récemment sur le numérique ?

L’ITAVI, membre du Carnot, et ses partenaires ont développé un système de capteurs dans des élevages de volailles, capable d’étudier le niveau sonore et de distinguer les sons. L’objectif est de pouvoir détecter plus rapidement l’apparition de maladies à partir de l’analyse sonore. Nous avons des projets qui visent à déceler grâce à différents capteurs de façon précoce et automatisée des troubles respiratoires chez les jeunes bovins.

Quelles sont les problématiques que les entreprises souhaitent résoudre avec votre expertise ?

La diversité des projets sur lesquels nous sommes sollicités est très grande. Par exemple, nous sommes sollicités pour des projets autour de la réduction de l’utilisation des antibiotiques par différentes stratégies, telles que la validation de nouvelles stratégies thérapeutiques combinant une antibiothérapie et phagothérapie, ou encore l’exploration du potentiel des algues pour améliorer l’immunité des animaux et réduire l’usage des antibiotiques dans les élevages.

Nous avons aussi des demandes concernant des projets portant sur la réduction de l’impact environnemental des élevages, la recherche d’autonomie protéique pour l’alimentation animale. Nous testons, par exemple, de nouvelles sources de protéines pour l’alimentation animale : étude multicritère de l’intérêt des larves de mouche soldat noire pour nourrir des poulets de chair. Dans l’ensemble, pour répondre à ces problématiques, l’élevage doit adopter une approche systémique et doit actionner un ensemble de leviers.

Cette approche n’oblige-t-elle pas à intégrer de plus en plus de compétences ?

C’est l’intérêt des Carnot : rassembler des acteurs différents. Les projets sont multiacteurs, donc ambitieux, c’est ce qui intéresse nos chercheurs !

Souhaitez-vous intégrer des Alliances Carnot qui vous permettraient de diversifier vos offres ?

Oui, nous nous positionnons sur deux alliances : la première autour des maladies infectieuses et émergentes, qui sera proche des thématiques abordées par la stratégie nationale d’accélération (« Maladies infectieuses émergentes et menaces nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques »). Nous co-construisons également avec le Carnot Plant2pro, porté par INRAE, l’alliance AgriTech, adossée à la stratégie nationale d’accélération Systèmes agricoles durables et équipements agricoles contribuant à la transition écologique. Nous allons aussi davantage collaborer avec le Carnot AgriFood Transition, ainsi qu’avec les Carnot positionnés sur les capteurs et le numérique.

Ces alliances sont en cours de construction, mais l’objectif est de se connaître, de se structurer pour faciliter l’accès à la R&D et promouvoir la recherche partenariale au service de l’innovation – et de la compétitivité – des entreprises sur les secteurs de l’AgriTech et de la FoodTech pour l’alliance Agritech, et de la santé pour l’alliance MIE.

Avez-vous déjà des collaborations avec les Carnot du numérique ?

Oui, nous avons commencé à travailler avec le Carnot CEA Leti. Nous avons confronté nos compétences scientifiques pour identifier des projets communs. À l’issue de ces partages, nous avons identifié et financé trois projets de recherche communs : développement d’un outil pour automatiser le décompte des parasites dans les élevages ; utilisation de système RFID UHF pour analyser le comportement des animaux et les éventuels troubles de bien-être et de santé ; développement d’un dispositif d’identification d’agents pathogènes dans l’air exhalé par les animaux.

Propos recueillis par Florent Detroy

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