Forum 5i : une vitrine pour les chercheurs-entrepreneurs
Antoneta Iuliana Bratcu, porteuse du projet K-INF
Le Forum 5i, qui se tient le 29 septembre, est consacré cette année à l’innovation au service de la réduction de l’empreinte carbone. En plus des événements consacrés aux investisseurs et aux start-up, une large place est réservée aux équipes de chercheurs. Une manière de mettre en avant le dynamisme de la recherche régionale, ainsi que les professionnels de la valorisation, Satt Linksium en tête.
Le thème choisi pour cette 23e édition du Forum 5i, dont POC Valorisation est partenaire,ne pouvait pas tomber plus juste : la lutte contre notre empreinte carbone s’inscrit dans le droit fil des mesures en faveur de la transition écologique, annoncées en début de mois dans le cadre du Plan de relance. La Vitrine technologique du Forum, destinée aux chercheurs, permet ainsi de découvrir un large éventail de solutions « vertueuses » : stockage des énergies, optimisation des parcours, biomatériaux… Au total, dix projets de chercheurs-entrepreneurs seront présentés.
N’ayant pas encore franchi le pas de l’entrepreneuriat, les chercheurs-entrepreneurs veulent, avant tout, susciter l’intérêt des industriels ou des fonds d’investissement. « Nous avons fait attention à sélectionner des projets jeunes, à qui le Forum peut apporter de la visibilité », explique Emmanuel Laisné, de l’association La Casemate, qui a participé à la sélection des travaux. Les niveaux de maturité relativement bas des projets expliquent la présence, aux côtés des chercheurs, de professionnels de la valorisation et du transfert de technologies.
Portrait de trois projets qui ont tous suivi des voies différentes pour valoriser leurs travaux :
- K-INF
La chercheuse Antoneta Iuliana Bratcu, du laboratoire GIPSA-lab (CNRS/Grenoble-INP/UGA), a développé un algorithme de gestion de plusieurs sources de stockage électrique. Embarqué dans un microcontrôleur, il permet de tirer parti des différentes technologies de stockage. D’abord développé pour les voitures électriques, il pourrait s’adresser finalement au marché de la gestion des énergies renouvelables. Associé à des supercapaciteurs, par exemple, l’algorithme peut prolonger, en prime, la durée de vie des batteries de 10 à 15 %.
C’est en 2015 qu’Antoneta Iuliana Bratcu perçoit l’intérêt économique des travaux menés par son collègue Waleed Nwesaty. « Nous avons pris une première fois contact avec la Satt Linksium, mais elle a jugé le projet trop amont à cette époque. » L’équipe se tourne alors vers l’Institut Carnot LSI et demande un financement pour une période de prématuration. Le projet est accepté, et l’équipe reçoit près de 70 000 euros pour développer un POC de laboratoire (TRL 3/4). « Ensuite, nous avons pu aller voir la Satt », poursuit la chercheuse. Une fois accepté par Linksium, le projet a reçu un financement de 180 000 euros pour la période 2018-2020. Aujourd’hui, après avoir hésité à créer une start-up, la chercheuse a choisi la voie du licencing. « Au Forum 5i, nous voulons montrer et expliquer ce que nous savons faire. ».
- OAD-VR
OAD-VR est un des projets les plus matures. Il est le fruit d’une collaboration plus vaste entre Spie CityNetworks et l’antenne lyonnaise de l’IRT System X. Le groupe a rencontré l’IRT en 2016, sur les conseils de la Métropole lyonnaise. Des discussions s’engagent et le programme LCE (Lyon covoiturage expérimentation) voit le jour. OAD-VR vise à répondre à l’enjeu spécifique de la transformation des axes routiers lyonnais. « La Métropole est en train de transformer l’autoroute A6/A7 en un boulevard urbain et prévoit de créer une voie réservée au covoiturage », explique Yann Briand, responsable du projet LSE à l’IRT. Quatre sections de cinq kilomètres seront concernées. La problématique de Spie CityNetworks : trouver des incitations au covoiturage sans créer de blocages sur l’axe choisi.
Le projet de trois ans mené entre l’IRT et Spie consiste ainsi à développer un outil de simulation du trafic, ainsi qu’un logiciel capable d’anticiper la circulation des voitures. Il doit ainsi aider l’opérateur routier à décider s’il peut activer ou non l’axe réservé aux automobiles transportant plus d’une personne. L’opérateur contrôlera l’axe grâce aux panneaux d’informations installés au-dessus des voies.
L’IRT SystemX lyonnais a assuré le développement des phases de TRL de 4 à 7 de la technologie. Le projet, étalé sur trois ans, doit s’achever au printemps 2021 avec la livraison d’un prototype prêt à être industrialisé. « Nous livrons un prototype fonctionnel, testable en condition réelle par Spie. Aujourd’hui, il ne manque plus que les vraies données », ajoute Yann Briand.
- TAPIR
Le projet Tapir consiste à optimiser certains composants de semi-conducteurs, pour rendre les modules de puissance plus efficaces et plus compacts. Le poids du système de refroidissement de ces modules pourrait être divisé par trois. Avec cette technologie, les trois porteurs du projet Tapir visent le marché de la mobilité électrique, dont les questions de masse sont essentielles, et le marché des énergies renouvelables. « Notre technologie peut déclencher une petite révolution », annonce Bachir Mezrag, chercheur au G2Elab (CNRS/Grenoble INP/UGA), et cofondateur du projet.
La question de la valorisation de la technologie s’est posée très tôt à l’équipe de chercheurs. À l’issue d’une démonstration de cette technologie, des industriels ont exprimé leur intérêt. Les trois partenaires ont finalement choisi de créer une start-up pour valoriser leurs résultats. Ils se sont naturellement adressés à la Satt Linksium, qui a sélectionné leur projet pour un programme de maturation. Il a démarré cet été, pour un accompagnement de près d’un an. La Satt a accordé un financement de 80 000 euros. L’objectif du projet, actuellement à un niveau de TRL de 3/4, est d’atteindre un TRL de 6 d’ici à 2021.