France 2030 : l’État ouvre le plan à la société civile
Bruno Bonnel, au centre, lors de l’évènement Change Now
À l’occasion du sommet Change Now, consacré au climat et qui se tient au Grand Palais Éphémère du 19 au 21 mai, le secrétaire général du Secrétariat général pour l’investissement (SGPI), Bruno Bonnel, a réuni pour la première fois l’équipe des « personnalités qualifiées » chargées d’accompagner le Plan France 2030. Cette nouvelle équipe, formée de 90 personnalités, a pour mission d’apporter un regard extérieur aux équipes ministérielles chargées de la conduite du Plan France 2030.
La « nouvelle méthode » de gouvernement annoncée par le candidat Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle est peut-être déjà entrée en application. Le SGPI a organisé à l’occasion de l’événement Change Now une présentation des 90 ambassadeurs du Plan France 2030. Cette nouvelle équipe nommée en février dernier, rassemblant des acteurs de la société civile, chercheurs, entrepreneurs, investisseurs ou encore artistes, incarne le « changement de méthode » annoncée par Bruno Bonnel, secrétaire général pour l’investissement chargé de France 2030, dans la conduite du Plan.
Ces personnalités doivent apporter leur expertise pour aider le gouvernement à atteindre les dix objectifs fixés par France 2030 et mettre en œuvre les stratégies nationales d’accélération. Concrètement, ces acteurs siègent désormais au sein des comités ministériels qui pilotent la vingtaine de stratégies lancées. Ils n’auront pas forcément un rôle de décideurs, mais pourront faire entendre leur opinion et leur critique. Leur connaissance des filières et des écosystèmes leur permettra notamment d’apporter un regard nouveau, dans la rédaction des cahiers des charges des appels ou la sélection des projets. Un sujet évoqué par Bruno Bonnel sera par exemple de bien calibrer le financement pour chaque projet. Apporter « du bon sens pour une bonne science », a-t-il souligné. Plusieurs fonds d’investissement sont d’ailleurs membres des comités, comme Elaia ou Karista.
Un relais vers les industriels
Ils pourront également faire valoir leur maîtrise des différentes filières pour pointer du doigt les éventuels décalages entre les ambitions des stratégies et les obstacles existants sur le terrain. Exemple : l’objectif de production d’au moins 20 biomédicaments d’ici à 2030. Les ambassadeurs du Plan France 2030 pourraient, par exemple, alerter sur le trop grand délai d’obtention des autorisations de mises sur le marché pour atteindre cet objectif. « Ils seront notre vigie », résume Géraldine Leveau, secrétaire générale adjointe pour l’investissement.
Ils seront aussi un relais vers les industriels, pour les impliquer dans les différentes stratégies thématiques. « Ils doivent être les ambassadeurs du Plan auprès des industriels », souligne Géraldine Leveau. Au côté de Bruno Bonnel, ex-entrepreneur, plusieurs des ambassadeurs sont ou ont été des dirigeants d’entreprise, à l’image de Romain Ravaud, PDG de Whylot. C’est également le cas des personnalités concernées par les questions de recherche et d’innovation, à l’image de Mickael Tanter, directeur de recherche Inserm et du laboratoire Physique pour la médecine (Inserm/ESPCI Paris — PSL/CNRS). Le laboratoire a participé à création de cinq start-up ces 10 dernières années.
Tous les TRL des produits sont concernés dans France 2030
Bruno Bonnel
Fluidifier le continuum recherche-produit
Plusieurs ambassadeurs ont commencé à s’exprimer sur les sujets qu’ils souhaitent plus particulièrement faire avancer. Agnès Audier, senior advisor chez BCG et membre de l’équipe Santé, a rappelé que la crise de la Covid avait constitué un « acid test » pour le secteur de la santé, et qu’il fallait relancer des politiques ambitieuses. Et de lister l’ampleur des défis qui attendent le secteur : réglementation, partenariat public-privé, animation de l’écosystème…
Mickael Tanter a souligné, de son côté, l’importance de continuer à fluidifier le continuum entre la recherche fondamentale et l’innovation. En faisant notamment porter l’action sur deux points : la création de start-up issue de laboratoires et le financement des start-up. Le scientifique souhaite en particulier simplifier les démarches administratives des chercheurs tentés par l’aventure entrepreneuriale. Il compte également faciliter l’accès au financement pour les start-up ayant atteint un certain développement, et comptant plusieurs centaines d’employés. « Tous les TRL des produits sont concernés dans France 2030 », a rappelé à cette occasion Bruno Bonnel.