Avant la deuxième édition des Journées de l’innovation agricole, qui auront lieu le 22 mai sur la ferme expérimentale d’AgroParisTech, à Grignon, Grégoire Burgé, directeur adjoint de la recherche, de l’innovation et du transfert technologique à AgroParisTech est revenu sur la stratégie d’innovation de l’établissement et son implication forte sur les sujets de la transition agricole.

Quel rôle AgroParisTech joue-t-elle dans l’écosystème de l’innovation agricole ?

Notre modèle est différenciant dans l’écosystème. Un élément clé de notre stratégie d’innovation repose sur le réseau d’incubateurs techniques et scientifiques que nous avons développé, les InnLabs. Ils sont déclinés par thématique et implantés dans nos différents centres : le Farm’InnLab installé sur la ferme expérimentale d’AgroParisTech, à Grignon, dédié à l’AgriTech ; le Food’InnLab sur le campus de Palaiseau, consacré à la FoodTech ; le Forest’InnLab situé sur le campus de Nancy, qui s’appuie notamment sur les 790 ha de forêt expérimentale de l’école ; et, enfin, le Biotech’InnLab sur le centre de Reims. Nous sommes également en train de développer un incubateur sur l’IA, appliquée à nos thématiques, le Digit’InnLab, qui devrait voir le jour l’an prochain. Le sujet de l’IA est transverse et concerne tous nos domaines : l’environnement, la biodiversité, le climat, l’alimentation, les forêts, l’agriculture… On doit donc être capables d’accompagner les programmes qui utilisent ces technologies et qui les appliquent à nos secteurs d’activité.

La particularité de ces incubateurs réside dans l’accompagnement scientifique et technique qu’ils offrent aux start-up. Ainsi, ils donnent accès à des équipements, du matériel, des espaces de laboratoire et des parcelles d’expérimentation et accompagnent ces projets en impliquant fortement nos communautés d’enseignants-chercheurs et d’étudiants. Notre rôle est d’aider à valider des hypothèses et développer des preuves de concept sur ces thématiques-là, pour ainsi préparer au mieux les premières levées de fonds des start-up que nous incubons.

Combien de projets de création d’entreprise accompagnez-vous ?

On en accompagne une quinzaine chaque année, créés par des étudiants au cours de leur formation et par des diplômés, ou portés par des structures accueillies dans les InnLabs. Nous suivons actuellement une centaine de start-up, la majorité ayant un lien avec un ou plusieurs de ces quatre incubateurs. En 2023, l’ensemble des start-up que l’on a accompagnées ont levé plus de 100 millions d’euros. C’est un indicateur important, puisqu’il signifie que les sujets traités sont à impact, donc encore bien financés, que les entrepreneurs qui les portent sont bien formés et que les outils mis en place apportent une vraie plus-value aux entreprises qui en bénéficient.

En quoi votre implantation au cœur de l’écosystème universitaire Paris-Saclay est-elle créatrice de synergies essentielles à la dynamique entrepreneuriale ?

Sur le plan de l’innovation et de l’entrepreneuriat, notre arrivée sur le plateau de Saclay a eu un effet très positif. Nous nous sommes rapprochés de certains acteurs importants, comme la SATT Paris-Saclay, avec qui nous développons des projets communs, IncubAlliance et de certaines grandes écoles, principalement Centrale-Supélec avec qui nous sommes fortement alignés sur les enjeux de l’entrepreneuriat à impact. Dans ce cadre, AgroParisTech est notamment partenaire de l’accélérateur 21 st, avec lequel nous co-portons la verticale climat et biodiversité. De plus en plus d’équipes se constituent ainsi entre des étudiants et/ou diplômés de nos deux écoles. Mêler des profils d’ingénieurs spécialisés dans les questions industrielles, numériques, électroniques et data-sciences de Centrale-Supélec et des profils d’ingénieurs du vivant, experts des questions de transitions agricoles, alimentaires et environnementales d’AgroParisTech donne une belle complémentarité sur une variété de domaines.

Nous échangeons, bien sûr, avec les autres écoles de l’Université Paris-Saclay, comme l’ENS Paris-Saclay et l’IOGS, et des projets se développent également en collaboration avec Télécom Paris, comme l’illustre la création de l’Alliance H@rvest autour des questions du numérique au service de l’agriculture. D’un point de vue de l’innovation, il existe une communauté d’entreprises et d’industriels présents sur le plateau de Saclay, avec lesquels nous commençons à nouer des liens de plus en plus forts, comme EDF ou Danone, pour n’en citer que deux.

Les Journées de l’innovation seront l’occasion de dévoiler le nom des start-up de la première promotion

Grégoire Burgé

En quoi les Journées de l’innovation agricole s’inscrivent-elles pleinement dans cette stratégie d’innovation ?

Cette journée a d’abord pour objectif de réunir des start-up et des entreprises qui pourront montrer les dernières innovations qu’elles ont développées pour une agriculture plus durable en fonctionnement réel. Les transitions agricoles constituent en effet un axe de recherche prioritaire d’AgroParisTech et les travaux menés dans notre ferme expérimentale de Grignon l’illustrent bien, comme le programme Grignon Énergie positive ou, encore, la plateforme Trajectoires qui visent à injecter de la science et de l’objectivité afin d’éclairer les nombreux débats en cours.

Ensuite, elle sera l’occasion de dévoiler le nom des start-up de la première promotion que l’on va accompagner via le Farm’InnLab, mais aussi de découvrir les projets d’innovations portés par des étudiants, candidats au concours de pitch Make IT Agri. Ce dernier vise à stimuler l’innovation et l’entrepreneuriat pour les étudiants en écoles d’agronomie. Cette journée permet aussi et surtout de réunir les différentes parties prenantes de cet écosystème de l’innovation agri-agro : des entrepreneurs, des fonds d’investissement, des collectivités, des industriels, des enseignants-chercheurs, des étudiants… tous réunis sur notre ferme expérimentale de Grignon et convaincus par la nécessité d’accélérer les transitions du monde agricole.