Albert Subrenat (IMT Atlantique) et Line Poinel (Segula Technologies) devant un démonstrateur du projet REMORA

L’IMT Atlantique et le groupe d’ingénierie Segula Technologies ont annoncé le lancement d’un laboratoire commun dédié aux énergies renouvelables. Baptisé LabCIS, il approfondit une coopération née autour d’un projet de stockage d’énergie éolienne en mer par air comprimé.

« Avec Segula Technologies, la collaboration est montée d’un cran », se félicite Albert Subrenat, enseignant-chercheur au département systèmes énergétiques et environnement (DSEE) d’IMT Atlantique et membre de l’UMR GEPEA. Née il y a près de dix ans autour d’une thèse Cifre, cette collaboration entre l’école d’ingénieurs et le groupe de 13 000 employés se matérialise désormais par un laboratoire commun. Initié pour quatre ans, celui-ci réunira au total « une quinzaine de personnels la première année, avant de grandir petit à petit », annonce Line Poinel, responsable recherche et innovation de Segula Technologies.

Un déclencheur : le projet REMORA

Les deux acteurs ont, entretemps, appris à travailler ensemble dans le cadre du projet REMORA. Ce programme a abouti à une technologie brevetée de stockage par air comprimé de l’énergie éolienne dans des réservoirs sous-marins. Originalité de la solution ? « Un procédé isotherme dans lequel l’air est comprimé à température ambiante, permettant un rendement énergétique jusqu’à 90 % », souligne Albert Subrenat. Le système ayant désormais donné la preuve de sa validité, « les prochaines étapes, ce sont les grands démonstrateurs et le passage en mer », indique le chercheur.

Cette problématique du stockage continuera à être abordée dans le cadre du laboratoire commun LabCIS, dont elle constitue le premier axe scientifique. « Le stockage est l’un des grands enjeux de l’énergie renouvelable et de la diversification énergétique, expose Albert Subrenat. Sans stockage, la part de l’énergie renouvelable ne dépassera pas 20 à 30 % du mix énergétique. Avec le stockage, on peut monter à 40 %, voire 50 %. » Le LabCIS imagine déjà différentes solutions innovantes de stockage, au-delà de celle développée dans le cadre du projet Remora.

Le stockage est l’un des grands enjeux de l’énergie renouvelable.

Albert Subrenat

Le laboratoire commun s’attaquera aussi à d’autres problématiques sur lesquelles l’IMT Atlantique et Segula Technologies se rejoignent. Un volet s’intéressera ainsi au traitement biologique des coproduits issus de la désulfuration de fiouls, et un autre se penchera sur la séparation et le retraitement de flux gazeux à visée énergétique. « Avec la méthanisation et la gazéification, qui sont les deux voies de valorisation des déchets organiques, vous obtenez un gaz qui n’est pas directement utilisable. Il s’agit de mélanges qui contiennent des impuretés. Avec Segula Technologies, nous travaillons sur les aspects de purification », poursuit Albert Subrenat.

Optimiser la filière de valorisation des déchets organiques

Mais plutôt qu’une approche isolée des différentes étapes de la valorisation en biogaz, l’objectif du LabCIS consiste à optimiser l’ensemble de la filière. « Nous sommes en train de bâtir un grand projet dans lequel nous allons assembler les différentes étapes, déclare Albert Subrenat. Nous allons travailler sur la production de gaz. Nous y associerons un procédé de purification. Et, pour finir, nous utiliserons le gaz produit dans une pile à combustible. » Spécialiste de ce sujet, l’Institut des matériaux de Nantes sera intégré au consortium.

Une vision globale qui justifie le recours croisé des compétences issues de l’IMT Atlantique et de Segula Technologies, selon les porteurs du LabCIS : « Si nous résolvons seulement les questions fondamentales sans résoudre les problèmes technologiques et d’ingénierie qui vont de pair, on ne peut déboucher sur des procédés industrialisables et utilisables », conclut Albert Subrenat.