Directeur général EIT Health France ©EIT

L’institut EIT Health est une communauté créée par l’Union européenne pour favoriser l’innovation dans le secteur de la santé et du vieillissement. Elle fédère des acteurs de la recherche, de l’entreprise et de l’éducation en santé. Avec le lancement de plusieurs appels à projets dédiés au Covid-19, elle veut désormais mobiliser ses membres pour développer des solutions innovantes contre la crise sanitaire.

POC Media. Comment soutenez-vous l’innovation en santé ?

J-M Bourez. Chaque année, l’EIT Health lance un appel à projets en novembre, avec une date limite de dépôt de dossiers en mars. En raison de la crise du Covid-19, nous avons reporté la date limite de cet appel au 8 juillet. Les projets sélectionnés doivent soutenir la recherche plutôt « avale », c’est à dire à partir à partir de TRL (technology readiness level) 3. Les projets reçoivent un financement pendant trois ans, plus un accompagnement de deux ans pour leur commercialisation. Actuellement nous suivons 147 projets au niveau européen, pour un financement de près de 100 millions d’euros.

Comment l’EIT Health a-t-il réagi face à l’épidémie de Covid-19 ?

D’abord, nous avons soutenu des projets qui jouent un rôle important aujourd’hui contre le Covid-19. Par exemple, nous avons soutenu deux projets avec la start-up NG Biotech dont on parle beaucoup en ce moment dans le cadre de la crise Covid-19. Nous avons aussi soutenu le projet VIP Room, porté par la start-up Simango, qui vise à former les étudiants en médecine à l’hygiène au bloc opératoire à l’aide de la réalité virtuelle. Elle vient de créer un module sur mobile et tablette dédié aux règles de protection, aux procédures d’habillage et à la prévention du risque lié au Covid-19.

L’EIT Health a-t-il lancé des appels à projets spécifiquement sur le Covid-19 ?

Oui. D’abord, comme cet appel a été lancé en novembre, et que la crise n’avait pas commencé, nous avons rajouté une thématique Covid-19 au call initial, que nous avons intitulé Pandemic Stream. À plus court termes, nous avons lancé un appel à projets Rapid Response qui s’est clôturé la semaine dernière, avec un financement de 600 000 euros maximum. Les projets devaient proposer une réponse à la crise d’ici à fin décembre. Nous avons reçu près de 150 candidatures.

Est ce que l’EIT a pris des mesures spécifiques au niveau français ?

Oui, j’ai pris la décision de soutenir deux initiatives supplémentaires sur la prise en charge des personnes atteintes d’une maladie chronique : la ligne C (1ère ligne d’écoute et d’information sur le COVID-19) et la coalition Innovation santé qui rassemble beaucoup de nos partenaires publics et privés mobilisés par l’urgence sanitaire au service des patients atteints de maladie chronique.

Quelles sont les grandes tendances parmi les solutions proposées ?

Nous avons vu arriver des solutions autour de quatre axes : des projets liés aux biomarqueurs, pour développer des solutions diagnostiques, des projets autour des Omics (genomics, transcriptomics, proteomics, metabolomics…), des solutions autour du numérique, notamment des solutions pour désengorger le systèmes de soin, et des dispositifs médicaux, comme des respirateurs ou des outils d’imagerie. Par exemple, nous avons soutenu Exactcure, qui a mis au point un jumeau numérique qui simule l’efficacité d’un médicament en fonction des paramètres du patient. L’objectif est de fournir un traitement sur mesure et d’éviter toute mauvaise interaction.

Vous avez également lancé un appel spécifiquement pour les start-up ?

Il s’agit du programme Headstart, qui permet de porter à l’échelle les solutions de start-up, notamment en les déployant dans différents pays. Nous allons sélectionner près de 35 start-up au niveau européen, pour un financement de 50 000 euros, auquel peut être ajouté le financement du programme Rescue instrument. Ce programme, qui n’est pas encore validé, concernera des start-up qui ont dû reporter leur levée de fonds à plus tard du fait de la crise.

De nombreux appels à projets ont été lancés depuis le début de la crise. En quoi ceux de l’EIT Health se distinguent-ils ?

Nous sommes un instrument qui permet de se développer des solutions innovantes à l’échelle de l’Europe. De plus, les membres des EIT se connaissent bien, ce qui est un facteur de proximité et d’agilité.  

Propos recueillis par Florent Detroy