La Défense renforce ses liens avec la recherche publique
Emmanuel Chiva, directeur de l’AID et Antoine Petit, PDG du CNRS
Le ministère de la Défense renforce la place de la recherche et de l’innovation au sein de son activité. Au cours de la présentation de la stratégie d’innovation du ministère des Armées, la ministre, Florence Parly, a annoncé le 8 septembre de nouveaux financements pour le secteur. Une annonce qui vient soutenir les efforts de l’AID pour soutenir la recherche et l’innovation en défense.
La Défense se donne les moyens de ses ambitions. Sur la base des fusiliers marins et commandos de Lorient, la ministre des Armées, Florence Parly, a annoncé le 8 septembre dernier la création d’un fonds en faveur de l’innovation baptisé « Definnov », et lancé en coopération avec Bpifrance. « [Grâce à Definnov], nous voulons identifier des entreprises innovantes, dont la technologie a déjà fait ses preuves sur le marché civil », explique Emmanuel Chiva, directeur de l’Agence de l’innovation de défense. Ce fonds financera leur transformation en technologie « duale », adaptée au secteur de la Défense. Cette nouvelle initiative vient ainsi soutenir les projets déjà portés par le Plan de relance. « Nos fonds peuvent s’associer aux financements annoncés par le Plan », ajoute d’ailleurs Emmanuel Chiva. « Definnov » complète également « Definvest », fonds de 100 millions d’euros créé en 2017, qui cible des entreprises dont les technologies sont jugées « critiques ».
La ministre des Armées a également annoncé la semaine dernière la création d’une cellule consacrée à la prospective au sein du ministère. Baptisée « Red Team », elle doit aider à « préparer les guerres du futur ». Ces annonces s’inscrivent dans une montée en puissance du budget des armées. Selon la Loi de programmation militaire 2019-2025, le budget du ministère – il s’élève à 821 millions cette année et doit atteindre un milliard en 2022 – doit augmenter de 25 % ses investissements dans l’innovation.
Une connexion croissante avec la recherche
La jeune AID (Agence de l’innovation de défense) a réussi en quelques années à nouer des relations fortes avec les principaux acteurs de la recherche publique en France. L’Agence a signé des partenariats avec le CEA, le Cnes ou l’Onera. L’AID a également conclu un accord avec l’ANR concernant le financement de thèses. L’AID en finance près de 130 par an.
Cette année, l’AID a franchi une nouvelle étape dans sa collaboration avec la recherche publique. Symbole de cette ambition, le partenariat renouvelé le 7 septembre dernier avec le CNRS qui prend la forme, désormais, d’un accord-cadre. « Ce qui est nouveau, c’est que nous souhaitons développer ces collaborations. De financements et d’aides génériques, nous voulons passer à de l’investissement différenciant. Nous souhaitons financer des projets qui ne seraient pas possibles sans nous », ajoute Emmanuel Chiva.
Le ministère, via son bras armé l’AID, souhaite ainsi soutenir l’innovation technologique plus en amont, et l’orienter vers ses sujets prioritaires. « Nous allons procéder avec des instanciations par domaine. L’accord sera complété par un agrément par domaine. » Les projets avec le CNRS pourraient bénéficier d’un soutien particulier, notamment financier, à l’image de celui que le ministère a signé avec l’Inria à propos des technologies d’intelligence artificielle. Le CNRS apportera, entre autres, son expertise dans la sélection des thèses financées, réalisera de la vieille recherche ou analysera des projets innovants. L’AID finance près de 130 thèses depuis sa création en 2018.
Des discussions sont également en cours avec l’École polytechnique, ainsi qu’avec Institut polytechnique de Paris (IPP). Les deux acteurs travaillent sur un partenariat structurant en matière d’innovation. « Nous travaillons sur l’accélération des projets », conclut Emmanuel Chiva.