La start-up Albupad compte révolutionner la délivrance de médicaments
Microparticules ©Albupad
Propulsée par la SATT Conectus et avec le soutien du Carnot MICA, la spin-off de deux laboratoires de recherche publics strasbourgeois, Albupad, vient de voir le jour. Retour sur les ambitions de cette toute nouvelle start-up biotech alsacienne.
Tout débute en octobre 2017. Eya Aloui, alors jeune doctorante, travaille sur la formulation de matériaux à base, entre autres, de la protéine albumine. « Dans certaines conditions spécifiques, et en retirant le polycation (polymère naturel positif), je me suis rendu compte qu’un nouveau matériau entièrement à base d’albumine se formait et que l’on ne savait pas expliquer. En plus, ce matériau, encore absent de la littérature scientifique, avait des propriétés exceptionnelles en termes de stabilité, de résistance mécanique et de biocompatibilité », explique Eya Aloui, docteure en pharmacie et en chimie des matériaux, également CEO et cofondatrice d’Albupad.
À la suite de ces observations, ses encadrants de l’Université de Strasbourg, Philippe Lavalle du Laboratoire biomatériaux et bio-ingénierie, et Benoît Frisch, du Laboratoire CAMB Conception et application de molécules bioactives, réorientent le travail de thèse et le concentre exclusivement sur la technologie albumine. Six ans plus tard, Albupad voit le jour et compte bien se faire une place dans le secteur des formulations de délivrance prolongée des médicaments. Un marché estimé à 15 milliards d’euros en 2022.
Notre innovation est de combiner albumine-médicament
Eya Aloui
Vers l’industrialisation du procédé et les essais cliniques
Les pathologies nécessitant des traitements répétés – cancers, maladies chroniques, mais aussi aiguës – figurent au rang des premières applications du système de délivrance de médicaments d’Albupad. Le dispositif permet de s’affranchir des prises quotidiennes et des erreurs de dosage.
Mais c’est aussi le développement d’un implant « intelligent » capable de cibler les tumeurs. Comme le souligne Eya Alaoui : « On savait déjà que la tumeur consomme naturellement de l’albumine. Les techniques existantes consistent à injecter le médicament antitumoral avec des nanovecteurs d’albumine, dont la structure est relativement dénaturée. Notre innovation combiner albumine-médicament dans une structure stable pour obtenir une libération prolongée du médicament au niveau de la tumeur. Le traitement est plus efficace avec moins d’effets secondaires ».
La synergie multipartenariale autour d’Albupad
Dès le début du projet, le Carnot MICA a investi 50 k€ « Le premier financement de Carnot MICA nous a permis d’embaucher une technicienne pour m’aider dans les expériences de biologie et les premières validations. Après le dépôt du brevet, nous avons bénéficié de financements de la Ligue contre le cancer (53 k€) et d’Alsace contre le cancer (15 k€) », ajoute Eya Aloui.
Puis la SATT Connectus a investi, en décembre 2019, plus de 600 k€ pour orienter cette technologie innovante du laboratoire vers le marché. « La SATT Connectus s’appuie sur un réseau développé de partenariats et notre technologie a été découverte par des entreprises pharmaceutiques grâce à son portfolio. Les business developers de la SATT nous ont aidés à structurer l’approche marché », précise Eya Aloui.
Ce soutien stratégique a permis de : protéger les découvertes scientifiques (brevet européen déposé en octobre 2019), de valider la technologie de rupture, de démontrer la faisabilité du projet à l’échelle préindustrielle et enfin, de concrétiser le projet de création de start-up.
Levée de fonds à venir
Albupad est actuellement incubée chez Semia/Quest For Health à Strasbourg. « Le réseau strasbourgeois est unique en France, car il prend vraiment la suite de la SATT Conectus en particulier. Nous sommes suivis par un chargé d’affaires spécialisé dans mon domaine, les systèmes de délivrance de médicaments. Il nous encadre de manière personnalisée sur tous les aspects : licence du brevet, mise en contact avec les prestataires, rédaction et montage de projets, communication et apport d’expertise », détaille la CEO d’Albupad.
Des levées de fonds d’amorçages sont envisagées pour couvrir les besoins générés par les prochaines phases de R&D. Concernant notamment les preuves de concept (premier produit, étude préclinique, validation technique) et l’industrialisation du procédé. Autre étape clé à l’horizon 2030 : des essais cliniques avec un partenaire ou un client industriel collaborant dans un modèle de codéveloppement avec option licencing.
Réseau SATT
Le Réseau SATT fédère, en France, treize sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT). Engagées dans le dynamisme économique grâce aux innovations scientifiques, les SATT apportent aux entreprises des solutions technologiques dérisquées, à fort potentiel, pour gagner en compétitivité. Avec plus de 700 start-up créées, les SATT sont les premiers acteurs de proximité du Plan deeptech de l’État, opéré par Bpifrance. Elles sont connectées au quotidien à plus de 150 000 chercheurs et offrent un accès privilégié aux innovations des laboratoires publics. Fortes de leur réseau national, elles sont les partenaires stratégiques des entreprises en quête de croissance par l’innovation. Plus d’informations sur : www.satt.fr