Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la production aquacole mondiale est appelée à jouer un rôle de plus en plus important dans l’approvisionnement alimentaire. L’enjeu est double pour le secteur : limiter l’impact de la pêche sur les écosystèmes marins et satisfaire une demande toujours plus forte en termes de quantité, de qualité et de diversification des espèces élevées. Améliorer la productivité et les propriétés nutritives des proies vivantes en aquaculture grâce aux nanotechnologies : voici le défi ambitieux que s’est lancé la start-up BioNaMeris.

Créée en janvier 2022, à Marquise, dans le Pas-de-Calais, la start-up BioNaMeris a pour origine un travail de recherche d’une dizaine d’années réalisé par l’équipe CNRS « NanoBiointerfaces » de l’Institut d’électronique, de microélectronique et de nanotechnologie (IEMN) de Lille et du laboratoire d’océanologie et géosciences de Wimereux, de l’Université de Lille. « Ce rapprochement institutionnel entre la partie aquaculture des copépodes et le monde de la nanotechnologie a permis d’initier un travail de recherche entre 2012 et 2018. L’objectif ? Trouver des applications possibles en nanotechnologies pour produire efficacement des copépodes de qualité, qui sont à l’origine du zooplancton : un aliment ultra nutritif pour la phase larvaire des poissons d’eau de mer comme le bar, la daurade ou la sériole », souligne Guillaume Pigeon, CEO de BioNaMeris.

Gérées par la SATT Nord en partenariat avec l’aquarium Nausicaà, à Boulogne-sur-Mer, et PFI NV de Wimereux, les équipes travaillant sur la maturation du projet ont mis en évidence que l’alimentation des larves de poissons, à base de copépodes nourris par des nanoparticules végétales brevetées, favorise une meilleure croissance du poisson, avec une augmentation de sa taille et de son taux de survie et une diminution des risques de malformations. « Les copépodes nourris aux nanoparticules d’origine biosourcée se reproduisent et grandissent plus rapidement que ceux alimentés avec des algues. De plus, en utilisant ces nanoparticules, il est possible de réduire la quantité d’algues de 30 % », précise Guillaume Pigeon.

La conquête du marché national

Salarié, puis entrepreneur dans le domaine pharmaceutique depuis plus de vingt ans, Guillaume Pigeon a été séduit rapidement par ce projet innovant dans l’aquaculture : « En discutant, en juillet 2021, avec Rabah Boukherroub, du CNRS de Lille, et son équipe sur les besoins de l’aquaculture, sur les copépodes et les nanotechnologies, j’ai immédiatement été intéressé par le projet. Tout m’a paru assez évident en termes d’équipe, de technologie et d’applications pour se projeter. Après une présentation à la SATT Nord de notre business plan, nous avons créé la start-up début 2022. »

Tout est ensuite allé très vite pour BioNaMeris : une première commercialisation en juin 2022 de proies vivantes et des œufs de copépodes enrichis à destination des fermes aquacoles et du secteur de l’aquariophilie. Puis, six mois plus tard, une labellisation DeepTech par la BPI France. En France, exportateur majeur d’alevins en Europe, les écloseries représentent un marché important pour les œufs de copépodes de BioNaMeris.

Viser l’international et diversifier l’offre

BioNaMeris prévoit une croissance rapide et endogène avec une entrée sur le marché européen d’ici trois ans et sur le marché mondial d’ici cinq ans. « Ce qui ressort c’est la facilité d’utilisation des copépodes en termes de protocolisation. Les éleveurs n’ont pas à changer leurs habitudes », ajoute Guillaume Pigeon. La société poursuit son développement en portant plusieurs projets de R&D avec toujours pour objectif de soutenir l’aquaculture durable et de demain. Comme l’indique le CEO : « Nous avons été, ces deux dernières années, dans une phase de préindustrialisation consistant à mettre en application la technologie. Aujourd’hui et en 2024, nous recrutons des profils mixtes (technique et scientifique) pour répondre à notre dynamique de valorisation, de duplication, de développement durable et d’amélioration de notre capacité de production. Nous devons délivrer des volumes substantiellement importants et nous projetons de développer une production à grande échelle d’ici à 2025. Nous sommes convaincus d’avoir une belle pépite dans les mains qu’il faut développer et valoriser ! »

Réseau SATT
Le Réseau SATT fédère, en France, treize Sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT). Engagées dans le dynamisme économique grâce aux innovations scientifiques, les SATT apportent aux entreprises des solutions technologiques dérisquées, à fort potentiel, pour gagner en compétitivité. Avec plus de 700 start-up créées, les SATT sont les premiers acteurs de proximité du Plan Deeptech de l’État, opéré par Bpifrance. Elles sont connectées au quotidien à plus de 150 000 chercheurs et offrent un accès privilégié aux innovations des laboratoires publics. Fortes de leur réseau national, elles sont les partenaires stratégiques des entreprises en quête de croissance par l’innovation. Plus d’informations sur : www.satt.fr