La start-up Mirega miniaturise la mesure des gaz à effet de serre et des gaz polluants

1 mars 2023

Au sein du laboratoire Kastler Brossel de l’ENS Paris (H. Raguet / LKB / CNRS Photothèque).

Issue de travaux menés au sein du laboratoire Kastler Brossel de l’École normale supérieure de Paris et accompagnée par la Satt Lutech, la start-up Mirega conçoit un appareil miniature de mesure des gaz. Une taille réduite qui permet de répondre à des besoins jusqu’alors insatisfaits de la recherche fondamentale et des industriels.

La spectroscopie d’absorption par cavité optique est utilisée depuis de nombreuses décennies pour détecter et mesurer les molécules gazeuses dans l’air. Composée de deux miroirs réfléchissants, la cavité augmente jusqu’à plusieurs kilomètres la trajectoire optique d’un faisceau lumineux, ce qui permet d’atteindre des limites de détection très basses.

Jusqu’à présent, les cavités optiques disponibles sur le marché mesuraient plusieurs dizaines de centimètres, pour un instrument complet de la taille « d’une grosse valise », indique Vincent Hardy, cofondateur et dirigeant de la start-up Mirega, en cours de création. L’innovation technologique de la jeune pousse réside dans la réduction de cette cavité à quelques millimètres seulement, pour une capacité de détection comparable.

Une utilisation sous terre ou dans les airs

Au-delà de la prouesse technique, cette miniaturisation permet de rendre l’instrument de mesure très mobile, pour être employé directement sur le terrain, au sol… voire dans les airs. « La possibilité de mettre cet équipement sur un drone est un atout véritablement différenciateur », expose Vincent Hardy. Celle-ci pourrait par exemple intéresser des acteurs désireux de connaître les émissions globales d’un site industriel. La mobilité de l’instrument rend également possible son utilisation sur de grandes distances ou dans des endroits difficiles d’accès, par exemple pour la détection de fuite dans les canalisations souterraines.

Les premières ventes de cet outil, dont le prix débute vers 10 000 euros pièce, sont prévues d’ici à la fin de l’année 2023 auprès d’acteurs de la recherche académique, dans une volonté de « co-développement », souligne Vincent Hardy. Les premiers champs d’application envisagés portent sur les sites d’émission de méthane ou encore les anciens sites pollués.

Les ventes auprès des industriels devraient intervenir peu après, d’ici à la mi-2024. « Cette ambition d’une commercialisation rapide correspond à notre envie de rester très proche des besoins de nos clients, pour développer le produit le plus adapté à ses utilisateurs », déclare Vincent Hardy, qui tire cette philosophie d’expériences entrepreneuriales passées.

Une volonté entrepreneuriale à « impact »

Après avoir été à la tête de plusieurs entreprises, Vincent Hardy souhaitait « donner plus de sens à [son] travail », avec « un impact environnemental positif ». Familier des Satt, il s’est rapproché de celles-ci et a étudié une dizaine de projets en portefeuille, avant d’arrêter son choix sur celui qui allait donner naissance à Mirega. Un projet accompagné par la Satt Lutech, membre du Réseau Satt, qui a accordé un financement en maturation de 200 000 euros, permettant notamment le recrutement d’un ingénieur, cofondateur et futur directeur technique de la société. À noter que les deux chercheurs à l’origine de la technologie sont également cofondateurs de Mirega et actifs dans son développement à travers leur concours scientifique.

À un horizon de cinq à dix ans, Mirega veut devenir le « leader européen dans son domaine », déclare Vincent Hardy. Mais ces prochains mois, le dirigeant va d’abord se mettre à la recherche de nouveaux financements. « Nous ciblons dans un premier temps des subventions et des prêts d’honneur, puis nous irons chercher des prêts bancaires », indique-t-il. Un volet pour lequel la jeune pousse bénéficie de l’accompagnement de Bpifrance.

Réseau SATT
Le Réseau SATT fédère, en France, treize Sociétés d’accélération du transfert de technologies (SATT). Engagées dans le dynamisme économique grâce aux innovations scientifiques, les SATT apportent aux entreprises des solutions technologiques dérisquées, à fort potentiel, pour gagner en compétitivité. Avec plus de 700 start-up créées, les SATT sont les premiers acteurs de proximité du Plan Deeptech de l’État, opéré par Bpifrance. Elles sont connectées au quotidien à plus de 150 000 chercheurs et offrent un accès privilégié aux innovations des laboratoires publics. Fortes de leur réseau national, elles sont les partenaires stratégiques des entreprises en quête de croissance par l’innovation. Plus d’informations sur : www.satt.fr

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