Un rapport esquisse les pistes d’évolutions d’Inserm Transfert

14 juin 2021

Inserm Transfert faisait partie du consortium PBS, lauréat fin 2020 de l’appel à projets SIA (Satt-Incubateurs-Accélerateurs), mené notamment par l’incubateur Paris Biotech Santé (Photo)

Le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres) a récemment rendu son rapport sur l’Inserm. Si l’analyse est globalement positive, elle pointe toutefois plusieurs axes possibles d’amélioration, notamment autour de son activité de valorisation.

Tous les cinq ans, les organismes de recherche publique sont évalués. Le mois dernier, c’était au tour de l’Inserm et de sa structure de valorisation interne, Inserm Transfert, d’y passer. Le comité d’évaluation, composé de sept scientifiques français* et étrangers**, a dressé un bilan globalement satisfaisant de l’action d’Inserm. Surtout en ce qui concerne les activités de l’Institut en recherche fondamentale et clinique.

Les activités de valorisation reçoivent aussi un satisfecit. Les délais en matière de transfert de la propriété intellectuelle par les organismes publics sont souvent pointés du doigt par l’organisme d’évaluation. L’Inserm rend ici une bonne copie selon le Hcéres. « Les évaluateurs étrangers, britanniques et hollandais, ont confirmé que leurs universités fonctionnaient avec des délais équivalents », confirme Jacques Samarut, ancien directeur de l’ENS de Lyon et vice-président du comité d’évaluation. Un bon point confirmé par l’Observatoire du transfert de technologie. « Entre 2017 et 2020, il y a eu un net progrès dans les délais de négociation, ce qui améliore considérablement les relations. Cette progression est généralisable à de nombreux organismes de transfert », remarque Franck Mouthon, président de France Biotech.

Une relation avec les Satt à éclaircir

D’autres facettes sont moins à l’avantage d’Inserm Transfert. La répartition des tâches entre les SATT et l’Inserm Transfert reste, selon le rapport, un point à éclaircir. Le rapport recommande de clarifier le rôle de chacun, tout en soulignant que les SATT possèdent des moyens financiers supérieurs à l’Inserm Transfert pour mener à bien les étapes de maturation. « L’Inserm souhaite garder une certaine capacité d’investissement direct dans la maturation des projets issus des laboratoires dont elle assure une tutelle, ce qui est légitime, témoigne Jean-Luc Moullet, directeur général délégué à l’innovation du CNRS et membre du comité. Au CNRS, nous souhaitons que l’étape de maturation soit systématiquement assurée par les SATT. Cela permet une certaine lisibilité dans nos rôles respectifs. Les deux choix se défendent. »

L’objectif serait d’injecter entre 300 000 et 500 000 € lors de la création de start-up

Jacques Samarut

Un possible véhicule d’investissement

Le Hcéres pointe également des améliorations possibles au niveau du business model de l’organisme. En effet, les capacités de croissance et d’investissement sont limitées, car les ressources financières créées par la propriété intellectuelle servent notamment à rembourser une dette. « Lors de sa création, l’Inserm Transfert a bénéficié d’une aide de 8 millions d’euros de la part de l’Inserm. Environ la moitié de cette dette est aujourd’hui remboursée, mais elle continue de peser sur les capacités de développement et d’investissement d’Inserm Transfert», explique Jacques Samarut. Pour garder des forces vives, le comité d’évaluation invite l’organisme de valorisation à créer son propre véhicule d’investissement en capital risque. « L’objectif serait d’injecter entre 300 000 et 500 000 € lors de la création de start-up», ajoute Jacques Samarut. Contacté à ce sujet, l’Inserm Transfert n’a souhaité faire aucun commentaire à la suite de cette proposition.

Le Mandataire unique, complexe à appliquer

Enfin, la complexité des relations entre les diverses tutelles académiques continue de freiner la valorisation de certains travaux scientifiques, malgré la mise en place du système de mandataire unique « Celui-ci reste complexe à mettre en place. Surtout dans le milieu médical, les hôpitaux constituent des interlocuteurs supplémentaires qui veulent à juste titre bénéficier également de leur part du gâteau, précise Jacques Samarut. Si l’Inserm Transfert possède son propre véhicule d’investissement, il pourra prendre les dossiers à son compte. Derrière, les partenaires pourront aussi bénéficier des retombées de ces investissements ! »

* Jacques Samarut, ancien directeur de l’ENS de Lyon, Vanessa Dumetier, directrice RH d’Inria, Jean-Luc Moullet, directeur général délégué à l’innovation du CNRS.

** Fiona Watt, professeur au King’s College London (KCL) et présidente exécutive du Medical Research Council (MRC), Sébastien Ourselin, professeur au KCL, Jeroan Geurts, professeur au Amsterdam University Medical Centers, et Jill Pell, directrice de l’Institut de la santé et du bien-être, à l’université de Glasgow.

Retrouvez les autres actualités thématiques de poC média

Inscription Newsletter

Vous souhaitez suivre l'actualité des technologies deeptech ?

Recevez gratuitement une newsletter par semaine

Je m'inscris
Fermer