Le pôle Medicen cartographie l’écosystème francilien des innovations en santé
À l’occasion du Medicen Day, qui s’est tenu le 26 septembre dernier, le pôle de compétitivité Medicen Paris Region a dévoilé la seconde édition de sa cartographie de l’écosystème d’innovation santé francilien. Ce « Medi’Scope » réévalue à la hausse le nombre d’emplois de la healthtech et met en évidence deux filières d’excellence d’avenir : la bioproduction et la « chirurgie du futur ».
« Faire émerger des collaborations public-privé et favoriser les projets d’innovation entre nos membres. » Tel est « l’ADN » du pôle de compétitivité Medicen Paris Région, selon son délégué général adjoint, Julien Ettersperger. Un pôle qui, avec plus de 500 adhérents, revendique de réunir la majorité des acteurs franciliens – start-up, TPE, PME, grands groupes ou institutions académiques – de l’innovation en santé.
Créé en 2005, Medicen a souhaité se doter, en 2022, d’une cartographie de son écosystème, pour donner à voir les projets accompagnés et à comprendre les tendances à l’œuvre. « Ces questions nous étaient souvent posées. Nous avons donc décidé d’y répondre de manière plus structurée », indique Julien Ettersperger.
Une approche nouvelle proche du terrain
Pour « mapper » cet écosystème et identifier les emplois, Medicen et son partenaire, Ayming, n’ont pas procédé de manière traditionnelle en recourant aux codes NAF des entreprises. « Si nous nous basons sur ces codes, nous passons en réalité à côté de 45 % des emplois de la healthtech », souligne Julien Ettersperger. Finalement, ceux-ci sont chiffrés grâce à des remontées de terrains, à environ 100 000 emplois au total en Île-de-France. Une approche quantitative qui devrait être complétée d’une dimension qualitative dans les éditions ultérieures du « Medi’Scope ».
Accompagnateur des projets, le pôle Medicen consacre une partie de son rapport à leur financement. Côté public, il indique que, sur les 276 projets suivis, 122 ont été financés pour un montant total de 331,4 millions d’euros. Les principaux financeurs – 70 % des projets et 80 % des montants alloués – sont les guichets nationaux de type ANR ou Bpifrance.
Côté investisseurs privés, les levées de fonds entre 2020 et 2022 se sont élevées à 2,573 milliards d’euros cumulés. L’Île-de-France représente ainsi à elle seule 40 % des levées de fonds réalisées au niveau national.
Ces financements, qu’ils soient publics ou privés, ne sont cependant pas répartis de manière égale entre les différents secteurs de la healthtech. La biotech et la medtech sont en haut du podium alors que l’e-santé est sous-représenté, avec trois quarts des projets présentés qui ne sont pas financés. Les auteurs du rapport pointent la « difficulté d’une filière naissante » et une « stratégie d’accélération “santé numérique” lancée en 2022 qui ne porte pas encore ses fruits ».
Plus de 70 champs d’innovation pour la « chirurgie du futur »
Analysés sous l’angle des aires thérapeutiques, ces financements se concentrent en premier lieu sur l’oncologie. Une situation qui n’est pas spécifique à l’Île-de-France, mais se retrouve partout dans l’Hexagone compte tenu du grand nombre de guichets de financement. La région francilienne se distingue en matière de cardiologie et d’angiologie : 17 projets financés, 46 sociétés ayant levé des fonds et 800 millions d’euros obtenus.
Enfin, le pôle Medicen met l’accent sur deux filières prometteuses pour le territoire francilien. La première est celle des biothérapies qui, en parallèle des efforts de l’État à travers la stratégie d’accélération « biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes », bénéficie d’une attention particulière de la part de la Région d’Île-de-France qui a fait des « Bioconvergences pour la santé » un de ses domaines d’innovation majeure, doté de 12,5 millions d’euros.
L’autre filière est celle de la « chirurgie du futur ». Regroupant de nombreux champs d’innovation – Medicen en répertorie plus de 70 parmi lesquels les systèmes robotiques, la digitalisation du parcours de soins ou, encore, les jumeaux numériques anatomiques –, elle devrait, à terme, transformer l’actuel bloc opératoire en un véritable « système », souligne Nicolas Castoldi. Une orientation que l’AP-HP, dont il est le directeur délégué auprès du directeur général, compte bien prendre à travers notamment son futur « Campus chirurgical Grand Paris ». Par ailleurs, l’assistance publique poursuivra son effort pour faire émerger des start-up : « Nous essayons d’accompagner plus et mieux les start-up fondées par nos praticiens. Elles ont l’avantage de ne pas être “techno-push”, mais partent de leurs pratiques concrètes et leur rendent service au quotidien », conclut Nicolas Castoldi.
— Image de couverture : Medicen (compte Twitter-X)