Cerba et Biomérieux s’allient à l’Institut Imagine pour détecter les formes graves du Covid-19
L’Institut Imagine va poursuivre ses recherches sur le Covid-19 avec deux mastodontes du diagnostic. L’objectif est de mettre en place un test pour détecter en amont les profils susceptibles de faire une forme grave.
Le cinquième appel à projets « Recherche hospitalo-universitaire » (RHU) a consacré 17 lauréats le mois dernier. Déjà présent lors des deux éditions précédentes, l’Institut Imagine, labellisé Carnot, se retrouve à nouveau parmi les heureux élus via son projet Coviferon. « Notre ambition est de mieux comprendre la variabilité très forte de réponse qui existe entre les individus face au virus SARS-CoV-2 », explique Laurent Abel, codirecteur du laboratoire Génétique humaine des maladies infectieuses à l’origine du projet. « L’âge est le facteur majeur lié aux cas graves, suivi par le sexe masculin et différentes comorbidités. Mais ces paramètres n’expliquent pas tous les cas. » Les recherches de l’Institut Imagine ont mis en évidence d’autres causes qui expliquent certaines formes graves. « Nous avons démontré l’existence d’auto-anticorps chez quelques personnes. Leur présence nuit au bon fonctionnement du système immunitaire. Environ 15 % des patients qui font une forme grave sont porteurs de ces auto-anticorps », ajoute Laurent Abel. Pour prolonger ces premiers travaux, Coviferon aura vocation à élaborer un test capable de détecter la présence potentielle de ces auto-anticorps chez les personnes positives. Selon le résultat, la prise en charge de ces patients à haut risque pourrait être anticipée.
Des liens anciens et locaux
Le projet va bénéficier de 10 millions d’euros grâce au 5e RHU. Ils seront répartis entre l’Institut parisien et ses différents partenaires, notamment le groupe de biologie médicale Cerba HealthCare, et le spécialiste du diagnostic Biomérieux. Grâce à ces deux mastodontes, la mise en place du test ne devrait pas poser de problèmes majeurs. « Sa conception et son développement reposent sur des compétences que nos partenaires possèdent déjà en interne », complète Laurent Abel. Les liens établis par ces deux entreprises avec la recherche académique ne datent pas d’hier. « Une grande partie de nos échantillons sanguins provient de l’Établissement français du sang (EFS). Mais certains profils comme les personnes âgées ne peuvent pas faire de dons. Cerba HealthCare a les capacités de nous fournir ces précieux échantillons pour nos recherches », atteste Laurent Abel. De son côté, Biomérieux était aussi déjà en lien avec les Hospices civils de Lyon avant ce projet. Ces liens locaux tissés dans la capitale des Gaules ont facilité ce nouveau partenariat, où chacun jouera un rôle bien précis. « Cerba HealthCare agira plus en aval sur la distribution des tests grâce à son réseau de laboratoires, alors que Biomerieux travaillera plus l’aspect technique avec la mise au point des tests », planifie Laurent Abel.
Des liens forts avec les États-Unis
Parmi ces alliances françaises, un troisième partenaire, cette fois-ci américain, Quanterix, s’est invité dans Coviferon. Il se penchera sur la partie recherche plus amont. Sa localisation ne devrait pas être un souci puisque le laboratoire de l’Institut Imagine a l’habitude d’entretenir des relations outre-Atlantique. En effet, ce dernier possède une seconde branche à l’Université Rockefeller. « Nous codirigeons le laboratoire avec Jean-Laurent Casanova, basé aux États-Unis », confie Laurent Abel. Cette double localisation permet de tirer le meilleur des deux pays. « Aux États-Unis, nous avons accès à d’autres sources de financement. Nous réussissons aussi à recruter des étudiants internationaux de qualité, notamment asiatiques, qui sont plus attirés par les universités américaines », constate le chercheur. Mais, à l’inverse de l’Université Rockefeller, l’Institut Imagine bénéficie de ce lien unique entre recherche et clinique. « Pour Coviferon, nous suivrons 500 personnes porteuses de ces auto-anticorps pour voir leur évolution clinique et immunologique dans le temps », souligne Laurent Abel. Si la France ne s’est pas distinguée dans la course aux vaccins, elle pourrait bien encore avoir une carte à jouer dans celle du diagnostic.