De gauche à droite : Matthieu Glachant, chercheur au Centre d’économie industrielle (CERNA) de Mines Paris PSL, Phuong Hoang et Valérie Archambault, membres de la direction du Développement, partenariats, entrepreneuriat, valorisation (DPEV)

Mines Paris PSL publiera le 9 juin prochain sa première étude concernant l’impact de la recherche publique sur la R&D des entreprises. En association avec l’ANRT et l’Académie des technologies, l’école d’ingénieurs a enquêté auprès de 380 responsables de la R&D en entreprise pour réaliser ce travail. Cette étude s’inscrit dans la montée en puissance de la stratégie de transfert de technologies mise en place par l’école. La création récente d’une cellule dédiée aux partenariats économiques et l’organisation des Research Day en juillet en découlent également. Les résultats de l’enquête seront présentés le 9 juin à l’occasion d’un événement programmé dans les locaux de Mines Paris PSL. Les trois auteurs de l’étude ont accepté de revenir en avant-première pour POC Media sur les premiers résultats de ce travail.

Quelles raisons vous ont amené à réaliser une telle enquête ?

Nous souhaitons toujours augmenter l’impact de notre recherche sur les entreprises. L’enquête s’inscrit dans la continuité de plusieurs initiatives prises ces dernières années. Nous avons, par exemple, monté une thèse Cifre avec l’INPI, menée au Centre de gestion scientifique (CGS) et portant sur les modèles de recherche à double impact (science et industrie). Nous avons également conduit une analyse sur la visibilité de la recherche de Mines Paris auprès de différentes parties prenantes, et pour laquelle nous avons interrogé de nombreux acteurs (entreprises, chercheurs, élus, étudiants, journalistes…). Ce chantier nous a permis de croiser les points de vue et de comprendre les pratiques des parties prenantes. Nous avons aussi mis en place plusieurs groupes de travail composés des chercheurs des Mines et de partenaires industriels lors des projets en commun pour identifier des pistes de valorisation des résultats issus de ces projets. Enfin, l’approche statistique de cette enquête est complémentaire de nos autres actions citées précédemment, et elle nous a permis de confirmer quelques constats déjà établis.

Pouvez-vous nous présenter les principaux enseignements de l’enquête ?

La première satisfaction que nous en tirons est que les responsables impliqués dans le pilotage de la R&D de leur entreprise jugent très utile l’information provenant de la recherche publique ou des structures coopératives de recherche public-privé pour leurs projets. L’enquête a favorisé la récolte d’informations sur ces relations. Grâce à ces travaux, nous comprenons mieux quels sont les canaux d’accès, privilégiés par les entreprises, aux résultats et aux compétences de la recherche publique. Cette étude nous a aussi permis de fournir aux chercheurs, aux entreprises et aux décideurs publics des idées concrètes pour encourager le transfert – donc l’impact – des résultats de la recherche publique vers le monde socio-économique.

la publication scientifique […] est aussi un puissant outil de transfert

Phuong Hoang, adjointe au directeur du développement, en charge de la recherche partenariale au sein de la DPEV

Avez-vous découvert des pratiques ou des attentes particulières des entreprises vis-à-vis de la recherche publique ?

Un des résultats marquants est que la publication scientifique est considérée par les entreprises comme le premier canal d’accès à la recherche publique, quelle que soit la taille de l’entreprise. Ainsi, la publication scientifique n’est pas seulement un indicateur d’excellence académique, c’est aussi un puissant outil de transfert.

La recherche partenariale et le recrutement de personnes formées aux derniers résultats de la recherche sont également jugés par les entreprises comme des canaux très efficaces, ainsi que les échanges informels.

Comment allez-vous utiliser ces résultats pour faire évoluer votre stratégie d’innovation au sein de l’école ?

L’enquête nous confirme que l’échange informel est souvent un canal priorisé par les entreprises pour identifier les bons chercheurs sur une thématique précise. Nous essayons toujours dans les événements d’aménager les moments privilégiés pour favoriser ces échanges. C’est même l’esprit de Mines Paris Research Day que nous organisons chaque année. En 2023, c’est le 4 juillet. Le principe ? En une journée, les entreprises peuvent rencontrer un maximum de chercheurs venant de tous les centres de recherche de Mines. C’est également l’occasion pour eux de découvrir une vingtaine de projets phares de notre école.

Nous souhaitons aussi mener des actions pour que les publications de Mines Paris soient plus facilement et efficacement repérées par les entreprises. Je rappelle qu’en janvier 2023, la nouvelle direction du Développement, partenariats, entrepreneuriat, valorisation (DPEV) a été créée. Nous confirmons ainsi notre ambition de renforcer notre positionnement en matière de partenariat (recherche et enseignement) avec les entreprises.

L’enquête a été menée avec le soutien de l’ANRT et l’Académie des technologies. Quelle a été la contribution de chacun dans la conduite des travaux ?

L’étude a effectivement bénéficié du soutien de l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT) et de l’Académie des technologies. Les auteurs tiennent à remercier particulièrement les contributions de Clarisse Angelier et Pierre Bitard de l’ANRT tout au long de cette étude. L’Académie des technologies a soutenu le projet depuis le début. Côté Mines Paris PSL, l’enquête s’inscrit dans le cadre de l’activité de recherche du Centre d’économie industrielle (CERNA) de l’école. Les trois auteurs de l’étude sont Valérie Archambault, Matthieu Glachant et Phuong Hoang.

Propos recueillis par Florent Detroy