Servier regroupe sa R&D à Paris-Saclay
Les efforts de recherche de Servier vont être rassemblés au sein d’un bâtiment unique basé à Paris-Saclay. Le groupe pharmaceutique, qui réoriente depuis quelques années sa R&D vers l’oncologie, va disposer d’un cadre propice aux alliances stratégiques.
C’est un parcours de longue haleine. Depuis 2016, Servier réorganise, en effet, sa recherche. Objectif affiché : sortir une nouvelle molécule sur le marché tous les trois ans ! « Auparavant, nous fonctionnions comme l’ensemble de la recherche : en silo, avec chaque chercheur sur sa paillasse. Aujourd’hui, l’objectif est de décloisonner », annonce Claude Bertrand, vice-président exécutif R&D de Servier. Le groupe va dorénavant s’appuyer sur des pôles d’activité et d’expertise pour chaque discipline, comme la chimie, la biologie cellulaire, ou encore le screening. Toutes ces sections seront regroupées au sein d’un même bâtiment, à Paris-Saclay, qui devrait être opérationnel début 2023. Ce site accueillera l’ensemble des activités de R&D de Servier en France, dispersées à l’heure actuelle sur quatre sites (Croissy-sur-Seine, Suresnes, Orléans et Gidy).
La multidisciplinarité est de plus en plus nécessaire pour développer de nouveaux médicaments
Claude Bertrand
Favoriser les rencontres
L’implantation dans l’écosystème de Paris-Saclay permet au groupe pharmaceutique d’affirmer sa dynamique. « La multidisciplinarité est de plus en plus nécessaire pour développer de nouveaux médicaments », ajoute Claude Bertrand, qui croit beaucoup dans l’innovation issue des discussions à la machine à café. Le bâtiment de Servier servira ainsi de lieu de rencontre, pour nouer de nouvelles alliances au sein du futur campus parisien. « Il est plus facile de faire du présentiel que du distanciel pour interagir et mettre au point des innovations », remarque le vice-président. Cette concentration aura aussi un intérêt pour les études cliniques. En effet, un hôpital est en construction à Paris-Saclay… Les patients seront ainsi à portée de main.
Plein phare sur l’oncologie
Auparavant actif dans cinq grands domaines thérapeutiques, Servier se recentre depuis cinq ans sur l’oncologie. Cette discipline représente dorénavant 50 % du budget R&D du groupe. Témoin de ce virage, l’acquisition de la division oncologie d’Agios Pharmaceuticals (États-Unis) en avril dernier. « En 2020, nous avions déjà racheté Symphogen (Danemark) pour son expertise dans la découverte d’anticorps, un des piliers des recherches sur le cancer qui nous faisait défaut », précise Claude Bertrand. Servier compte aussi exploiter les expertises offertes par l’université parisienne, qui a décroché la première place mondiale en mathématiques au classement de Shanghai 2020. « Cette excellence en science computationnelle sera une source de collaboration importante », indique Claude Bertrand. Autre avantage notable de Paris-Saclay, sa proximité avec l’Institut Gustave Roussy. Le premier centre de lutte contre le cancer en Europe représente une aubaine partenariale de taille vu le virage pris par Servier.
Un incubateur pour multiplier les échanges
Le futur bâtiment intégrera un incubateur, avec une capacité d’accueil de 110 personnes, soit environ une dizaine de start-up. « Notre offre inclut du tertiaire et des laboratoires, un duo peu présent dans les autres incubateurs. Nous ne nous interdisons pas d’accueillir des start-up en santé digitale, ou d’autres thématiques différentes des nôtres. Cela fait partie de notre nouvelle ouverture sur le monde de l’innovation », témoigne Christophe Thurieau, directeur général recherche de Servier. Les chercheurs-entrepreneurs pourront bénéficier des structures et de la puissance des outils de Servier, ainsi que de l’écosystème de Paris-Saclay. « Au travers de discussions, ils pourront également transmettre leur culture entrepreneuriale à nos chercheurs », espère Christophe Thurieau. Afin de, pourquoi pas, faire de ses propres chercheurs de futurs incubés ?