Un partenariat public/privé pour mieux suivre les populations de poissons

18 décembre 2023

Marquage de civelles avec des élastomères ©Stéphane Glise

Un laboratoire de recherche en écologie, Ecobiop, et le bureau de recherche, d’expertises et de conseils pour la conservation de la biodiversité aquatique Scimabio Interface, tous deux spécialisés dans le suivi des populations de poissons, se sont unis au sein d’un laboratoire partenarial associé (LPA) : MODMAF. Le but ? Appliquer sur le terrain leurs connaissances et outils de suivi pour favoriser une gestion pérenne des écosystèmes aquatiques, ce qui est par ailleurs une obligation légale pour de nombreux acteurs socio-économiques.

L’UMR Ecobiop (Inrae et Université de Pau et des pays de l’Adour – UPPA) et Scimabio Interface, un bureau de recherche, d’expertises et de conseils concernant la gestion environnementale, ont signé le 17 novembre une convention créant le laboratoire partenarial associé MODMAF (MOvements and Demography for the MAnagement of Fish).

Les chevilles ouvrières centrales de MODMAF sont Jacques Labonne, le directeur d’Ecobiop, et Colin Bouchard, chef de projets scientifiques à Scimabio-Interface. Ensemble, ils comptent bien poursuivre et amplifier la mise en œuvre sur le terrain de leurs expertises de la gestion des populations de poissons, notamment migrateurs, lors de projets communs. Il s’agit de définir de nouveaux objectifs scientifiques et technologiques adaptés aux demandes, de continuer à ajuster leurs modèles et outils statistiques aux situations réelles, et de se positionner dans des appels à projets.

les gestionnaires d’espaces naturels et les entreprises qui exploitent des ressources naturelles aquatiques ont besoin de connaissances scientifiques

Jacques Labonne

« Nous avons de solides connaissances sur le suivi des populations de poissons, comme les anguilles ou les saumons qui peuplent nos rivières, ainsi que du matériel spécifique », explique Jacques Labonne, qui dirige le laboratoire Ecobiop situé à Saint-Pée-sur-Nivelle, près de Saint-Jean-de-Luz. « Or, pour se conformer à la réglementation, les gestionnaires d’espaces naturels et les entreprises qui exploitent des ressources naturelles aquatiques ont besoin de connaissances scientifiques, mais aussi d’accompagnement pour utiliser au mieux les outils prospectifs et de diagnostic disponibles, ce qui est le cœur de métier de Scimabio-Interface », complète-t-il. « Notre bureau de recherche, d’expertises et de conseils a été créé par des écologues liés à l’Inrae et a déjà été impliqué dans des projets d’Ecobiop », précise Colin Bouchard. Ce dernier connaît bien Jacques Labonne et le laboratoire, ainsi que son réseau de partenaires : il y a fait sa thèse et des contrats postdoctoraux avant de rejoindre Scimabio-Interface.

Rendre les écoystèmes plus résilients

Les deux partenaires de ce LPA ont l’habitude de travailler ensemble depuis longtemps et affichent une complémentarité favorable à un transfert de connaissances rapide. Leur volonté commune : participer activement à la résilience des écosystèmes aquatiques et à leur adaptation aux changements qu’ils subissent. Et ces bouleversements sont désormais nombreux : outre les aménagements et implantations d’infrastructures, les écosystèmes aquatiques doivent aussi faire face au dérèglement du climat, avec son lot de crues ou étiages plus fréquents et forts, et de moins en moins saisonniers, ainsi qu’aux évolutions de la biodiversité dans les milieux naturels. Suivre les impacts d’un environnement changeant sur la diversité au sein de chaque espèce de poisson, comprendre comment cette diversité évolue génération après génération et mesurer le potentiel adaptatif de cette dynamique de la diversité permettra de fournir des connaissances nouvelles aux décideurs publics. Cela pour élaborer des solutions fondées sur la nature, qui permettront de mieux préserver et restaurer les milieux, de réduire l’impact des activités humaines ou de juguler la présence de flore et faune exotiques envahisseuses.

Accélerateur de transferts de connaissances

« Le LPA nous permettra de transférer sur le terrain, encore plus vite et efficacement, grâce à l’accompagnement par Scimabio-Interface, les connaissances et outils dont nous disposons tous deux », ajoute Jacques Labonne. « Effectivement, ces outils en libre accès prennent toute leur efficience quand nous pouvons les ajuster aux situations réelles, en les complétant avec des connaissances scientifiques fondamentales sur la façon dont les populations de poissons s’adaptent à de nouvelles contraintes et comment les gestionnaires peuvent favoriser cette adaptation », abonde Colin Bouchard.

Le nouveau laboratoire associé MODMAF acte donc pour cinq ans la poursuite de projets communs pour les études de démographie et de déplacements de poissons. Un programme mené depuis plusieurs années, notamment dans le cadre du projet européen Life Kantauribai portant sur la conservation des espèces migratoires et des écosystèmes fluviaux, dans quinze espaces du Réseau Natura 2000, et sur cinq bassins versants de Navarre, Guipuscoa (Espagne) et Nouvelle-Aquitaine, dans lequel les deux partenaires sont impliqués tous deux jusqu’en 2027. Le laboratoire MODMAF complétera ses moyens humains et matériels au fil des sujets et nouveaux projets.

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